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Histoire du Karaté et du style Shito-Ryu

L’histoire du Karaté…

…est très controversée et sujette à de nombreuses polémiques. En effet, il y a très peu d’écrit sur le Karaté et ses origines et il est très difficile pour un puriste de savoir exactement la vérité sur la naissance du Karaté.

Je vais donc me contenter de retracer les grandes lignes de l’histoire du Karaté sans rentrer dans des détails plus ou moins légendaires qui finalement n’apportent pas grand-chose et alimentent même la mystification de notre art.

 

1 – Les origines Chinoises :

Le karaté est un art martial japonais, mais (et ça tout le monde est d’accord) il est originaire de l’île d’Okinawa de l’archipel des îles Ryu-Kyu situées au sud du Japon et à l’est de la Chine.

Par sa position, l’île d’Okinawa connut pendant des siècles de nombreux échanges commerciaux avec la Chine et ce sont sans doute, au fil du temps, les arts martiaux chinois qui ont le plus influencées le Karaté d’Okinawa.

Pour connaître un peu mieux ces arts martiaux chinois, faisons donc un petit voyage dans le temps et l’espace pour nous projeter en Chine au 10ème siècle :

Il y avait deux courants d’arts martiaux chinois :

Les styles Internes (12 styles majeurs) et les styles Externes (360 styles majeurs)

Les styles internes (Neï-Jia) :

Ils sont originaires du Mont Wudang et influencés par le courant de pensée Taoïste et notamment la peur de la mort.

Cette peur de la mort entraîne des styles martiaux basés sur une recherche interne d’une longue vie et sur l’absorption de l’action, c’est à dire l’utilisation de la force de l’autre.

De ces styles, nous retiendrons le Taï Ji Quan, le Pakua Zhang (Tout est en cercle) et le Hsing Yi (Tout est en ligne et des cercles avec les bras).

Les styles externes (Waï-Jia) :

Ils trouvent leur origine dans le célèbre monastère bouddhiste de Shaolin.

La pensée bouddhiste et sa croyance en la réincarnation engendre des styles martiaux avec des actions tournées vers l’extérieur (Transmettre sa force à l’autre) et un engagement plus fort dans le combat.

Ces styles sont décomposés en deux courants, les styles du sud et ceux du nord :

Les styles du sud (composé surtout de marins et de paysans dans les rizières) sont basés sur des techniques très courtes, voire en corps à corps alors que les styles du nord (Chang Chuan), avec ses très grandes plaines et ses cavaliers, donnent des techniques beaucoup plus grandes, plus amples.

Maintenant, tous ces styles d’arts martiaux chinois ont été structurés sous un seul et même terme : le Wushu que l’on pourrait traduire par « art martial » ou « art de défense ».

2 – L’île d’Okinawa berceau du Karaté :

Ces arts martiaux chinois arrivés donc sur l’île d’Okinawa et influencés par des techniques locales, donneront naissance au To-Te (main de Chinoise) qui au 17ème siècle se divisera en 3 styles :

  • Le Naha-Te

  • Le Tomari-Te

  • Le Shuri-Te

Naha, Tomari et Shuri étant des villes d’Okinawa (voir carte)

Au 19ème siècle, à la suite de la colonisation de l’île d’Okinawa par le Japon, le To-Te changera de nom pour devenir l’Okinawa-Te (La main d’Okinawa).

Le Naha-Te, originaire plutôt des styles chinois du sud, donnera naissance au Shorei-Ryu, basé sur le Yin/Yang, le dur et le doux, pour devenir plus tard le Goju Ryu d’Okinawa fondé par Maître Kanryō Higaonna.

Le Tomari-Te et le Shuri-Te, plutôt influencés par les styles chinois du Nord, sont très proches l’un de l’autre et finir par donner naissance au Shorin-Ryu fondé par Maître Sõkon Matsumura.

Un troisième style, très dur, sera également fondé à Okinawa, le Uechi Ryu de Maître Kanbun Uechi.

3 – Passage des styles d’arts martiaux Okinawaiens au Karaté moderne et Japonais.

Le véritable père du Karaté moderne est Maître Ankõ Itosu, élève de Maître Matsumura, qui modifia les bases du Shorin-Ryu pour le rendre accessible au grand public.

C’est également lui qui créa les 5 Heian (ou Pinan).

Cependant le premier qui introduira le Karaté au Japon, sera un de ses élèves, Gichin Funakoshi qui fût envoyé au Japon afin d’y faire connaître le Karate.

Maître Funakoshi modifia le terme Karaté, qui en Japonais signifiait « La Main Chinoise », en Karaté, qui signifie « La main vide ». Les idéogrammes sont différents, mais la prononciation reste la même.

Maître Funakoshi explique ce choix dans le livre Karaté-do : ma voie, ma vie :

« Kara qui signifie vide […] représente le refus de recourir à d’autres armes que les mains et les pieds. De plus, le but des étudiants de Karaté […] est aussi de purifier leur cœur et leur esprit de tout désir terrestre et de toute vanité. »

Gichin Funakoshi fit en 1922 une démonstration devant le 1er ministre de l’Éducation à Tokyo qui eut un très grand retentissement.

Très vite, grâce notamment à l’appui de Jigoro Kano, Maître fondateur du Judo, le Karaté connu une ascension social importante et fut même enseigné dans les universités de Tokyo, puis plus tard partout dans le monde.

Le Karaté que pratiquait Maître Funakoshi et qu’il enseignait était issu directement du Shorin-Ryu de Maître Matsumura, modifié par de Maître Itosu. Il s’agit du Shotokan-Ryu, du nom du 1er Dojo de Karaté que fit construire Gichin Funakoshi au Japon en 1936, le « Shotokan ». Ce nom de Shotokan fut choisi tout simplement car Shoto (« Sho » = « pin » et « To » = « vague » donc, Shoto = « vagues dans les pins ») était le pseudonyme sous lequel Maître Funakoshi signait ses poèmes chinois lorsqu’il était plus jeune. Shotokan veut dire la maison de Shoto.

Le Shotokan-Ryu est donc l’école du dojo de Shoto, soit l’école du Dojo de Maître Funakoshi.

Même si Maître Funakoshi était pour une école de Karaté unique « pour que le Karatédô poursuive une progression ordonnée et utile au développement futur de l’homme », d’autres Maîtres fondèrent leurs propres styles de Karaté Japonais.

Voici les principales autres écoles de Karaté :

  • Le Goju Ryu (différent du Goju Ryu d’Okinawa) de Maître Chõgun Myagi

  • Le Shito-Ryu (issu du Goju-Ryu d’Okinawa et du Shorin-Ryu) de Maître Kenwa Mabuni

  • Le Wado-Ryu (issu du Shotokan et du Jujitsu japonais) de Maître Hironori Otsuka

Ces styles sont certes différents mais n’en demeurent pas moins du karaté et les grands principes de base restent les mêmes dans tous ces styles.

Histoire par Bruno Bandelier - https://karate-blog.net/lhistoire-du-karate-claire-et-nette/

Le style Shito-Ryu

Kenwa Mabuni est né dans la ville de Shuri, il est de vingt ans le cadet de Funakoshi et il suit dès l’âge de 13 ans l’enseignement de Maître Itosu.

Plus tard, lorsqu’il travaille comme enseignant vacataire, il se lie d’amitié avec Maître Myagi, expert en Naha té et futur créateur du Goju ryu. Ce dernier l’introduit auprès de son Maître Higaonna.

 

C’est à partir des deux enseignements que Maître Mabuni va créer le style Shito Ryu en 1938. Comme pour Maître Funakoshi, c’est grâce à Jigoro Kano de passage à Okinawa en 1926 qu'il part au Japon pour enseigner sa discipline, à partir de 1928.

 

Le terme shito est en fait l’idéogramme des noms des deux maîtres qui ont enseigné à Mabuni, Itosu et Higaonna.

Le développement international du Karaté va se faire après le décès de ces grands maîtres (Mabuni en 1952, Myagi en 1953 et Funakoshi en 1957) à partir de années 1960.

 

De nouveau, le Karaté aurait pu rester une discipline nationale marginale car après la seconde guerre mondiale, les groupes se divisent.

En Shotokan, Maître Funakoshi perd à la fois son épouse et son fils Yoshitaka, à qui il avait confié la destinée de l’école. La J.K.A , Japon Karaté Association voit le jour en 1949 avec à sa tête Maître Funakoshi mais des divisions se créaient entre les partisans du karaté moderne, sportif et ceux du karaté traditionnel (qui exclut les kumité).

 

Pour le shito ryu, Maître Kenwa Mabuni avait déjà accepté de son vivant que certains de ses élèves comme Maître Tani pour le shukokaï ou Maître Sakagami pour l'Itosu Kaï évoluent vers d'autres formes du style.

A la suite du décès prématuré de Maître Mabuni en 1952, certains de ses disciples n'ont pas souhaité poursuivre avec le nouveau et jeune soke, Keneï Mabuni qui a repris en tant qu'aîné de la famille  la succession de son père. Ainsi, Maître IWATA, plus jeune de quelques années s'orienta vers un shito ryu  plus sportif  au sein d'un groupe universitaire réuni  sous le nom de Shito Kaï, Maître Uechi retourna à Okinawa et Maître Kuniba s'orienta vers le seinchin kaï, le terme "Kaï", signifiant organisation.
Il en est de même pour le goju-ryu après le décès de Maître     Myagi, divisé en plusieurs branches et on vit aussi apparaître au japon des dérivées des écoles shorin (Kobayashi, shorinjy- ryu,…) ou shorei (shoreiji-ryu) puis des formes différentes comme le kyokushinkaî.

 

 

Le Karaté universitaire se regroupa en fédération (All Japon Karate do Federation), tandis que le karaté non universitaire se divisa en de nombreux groupes distincts.

 

A la mort de Funakoshi, le karaté moderne sportif fait son apparition avec les premiers championnats du japon de karaté shotokan organisés par la JKA , suivis rapidement par d’autres groupes.

 

A l’occasion des Jeux Olympiques de Tokyo en 1960, le ministère de l’Education Nationale oblige l’ensemble des groupes à se réunir au sein d’une fédération unique (la All Japan Karaté Do Association), ce qui permet de clarifier la situation sans résoudre les querelles internes.

Aujourd'hui , le Karaté est regroupé au sein de la JKF (l'équivalent de la Fédération Française de Karaté) qui est membre de la Fédération Mondiale de Karaté mais il existe toujours plusieurs groupes indépendants qui ne sont pas fédérés. La karaté d'Okinawa a également sa propre organisation.

 

La France fût l’une des nations pionnière à accueillir le Karaté à la fin des années 1950 grâce à Maître Henry Plée, qui fit venir des experts japonais comme Mochizuki, Murakami, Kasé, Oshima…..

 

Le style Shoto Kan est aujourd’hui majoritaire à plus de 80 % des pratiquants, suivis du Shito Ryu (toute famille confondue), du Wado Ryu et du Goju Ryu et de tous les autres de styles divers de karaté ...

 

Le shito ryu / shukokaï est arrivé au milieu des années 1960 par l’intermédiaire de Maître Yoshinao Nanbu mais ce dernier évoluait déjà vers sa propre recherche (il a crée le Karaté Sankukaï puis le Nanbu Do et le Nanbu Taiso) et finit par rompre avec son Maître ( Chojiro Tani).

 

Au début des années 1970, un jeune japonais, Nino Satoru, repris le flambeau. Elève de Shogo Kuniba et de Teruo Hayashi , l’enseignement de son shito ryu différait un petit peu de celui de  Mabuni Kenei. Reparti au Japon, c’est Maître Nakahashi qui a continué le développement du shito ryu à partir de la fin des années 1970. Il représente aujourd’hui le Shito Ryu de Keneï Mabuni au sein de la Fédération Française de Karaté . Il suit l’enseignement de Maître Mabuni fils. Le shukokaï , quant à lui ,qui est issu du shito ryu bénéficie d'un passage de grade différént au niveau des katas et une Coupe de France distincte du shito ryu et est représenté par plusieurs experts  de qualité au sein de la fédération dont Maître Kawanishi , Kamohara ou Omi...

Aujourd'hui , les branches issues du shito ryu sont nombreuses dans le monde et ont des noms divers, hayashi ha shito ryu, Tani Ha shito ryu, itosu ryu, Itosu kaï, seinchin kaï ,shito kaï...
On retrouve ces différences dans les katas et même si aujourd'hui, on tend  à uniformiser les techniques, on constatera quelques variantes  selon qu'on appartient à  telle ou telle branche.

 

Au sein des Pays de Loire, le Karaté Shito Ryu est représenté par Maître Eiji Kawanishi expert fédéral 8E DAN qui enseigne dans la région Nantaise. Ancien champion du Japon de Karaté, Maître Kawanishi a été l’élève direct de Maître Tani (fondateur du Shukokaï). 

 

Sur un plan général, en France, la Fédération Française de Karaté et Disciplines Associées est la seule organisation qui a délégation de pouvoir pour notre discipline.

Il existe d'autres organismes indépendants oeuvrant pour le développement du karaté  mais ils ne bénéficient pas de délégation de l'état. 
 

Ces scissions qui ont souvent des origines politiques ou idéologiques sont certes regrettables pour les pratiquants mais il convient les relativiser  dans la mesure où dans d’autres pays comme le Japon ou les Etats-Unis, les groupes indépendants sont  tès nombreux, plus ou moins bien organisés, alors que le Karaté et ses disciplines associées restent en France avec plus de 200 000 licenciés officiels une organisation bien structurée et développée.

 

Il n'existe par ailleurs pas un Karaté sportif opposé à un karaté traditionnel. Le Karaté est un tout et au sein de l'AVKS, nous essayons d'apporter à nos adhérents à la fois un art martial complet avec comme objectif, l'épanouissement de chacun dans l'effort physique sans esprit de compétition ou de performance et un sport riche et physique avec la recherche de l'amélioration physiologique et de la confrontation dans le cadre de la compétition.

Shi = kanji d’Itosu

To = kanji d’Higaonna

Ryu = école

Kara = vide

Te = main

Do = la voie

Kenwa Manubi

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